• Existe-t-il des violences légitimes ?

    Existe-t-il des violences légitimes ?

    Oui : tant sur le plan individuel que social, il existe une violence légitime, qui s’oppose à la violence contraire à la morale ou à la loi.

    Non : la violence est agression : elle est donc contraire à la raison et elle n’est pas un droit.

     

     

    1ère partie : tant sur un plan individuel que social ou politique, la violence peut être le seul moyen de répondre à la violence.

     

    La légitime défense est souvent une légitime violence.

    Le droit considère que tout acte, toute attitude sont légitimes à partir du moment où la personne qui en est l’auteur est dans son bon droit. On peut donc considérer qu’il est légitime de se mettre en colère quand les idéaux de la moralité sont bafoués et dire, avec Aristote, qu’il « est juste de s’emporter quand il le faut et contre ce qu’il faut ». Aussi puis-je légitimement utiliser la violence contre toute forme de violence qui porte atteinte à mon intégrité physique ou morale, à ma liberté.

    Le pouvoir politique peut être dans son droit lorsqu’il a recours à la violence.

    Un État de droit n’est concevable que s’il repose sur l’ordre et le respect des lois. Lorsque ses fondements sont mis en péril (ce peut être le cas des attentats terroristes), lorsque l’ordre social est en danger, l’État peut se voir contraint d’utiliser la violence pour protéger la société.

    L’opposition à la violence de l’État est parfois juste.

    La violence n’est pas toujours la forme spectaculaire de l’application de la force ; en effet, la politique, en tant que régulation de la vie sociale, peut devenir une violence sous de multiples aspects : elle m’impose des contraintes, elle me « force » à adopter tel ou tel comportement. Si, avec d’autres, je considère que ce que m’impose de force l’État constitue une violence injuste et intolérable (cas du totalitarisme), j’ai le droit, et même le devoir, de m’opposer à l’oppression par la violence.

     

    2ème partie : la violence est toujours l’expression d’un dialogue devenu impossible. En ce sens, elle a toujours un aspect négatif. Qu’elle soit parfois nécessaire, cela ne fait pas d’elle un droit.

     

    L’échange d’idées contre l’échange de coups.

    La violence est la négation de la raison humaine, la négation de la justice et du droit rationnel qui règle et harmonise les rapports entre les hommes. Le « droit de violence » contenu dans l’expression « violence légitime » est en soi contradictoire. La force ne confère aucun droit. Tout au contraire, la fonction du droit est de s’opposer à la violence. Ainsi que le dit Alain, « le pire des maux est peut-être que la justice se fasse par la force, car cela fait haïr la justice ou l’aimer mal ». Si l’échange d’idées est toujours fécond, l’échange de coups est toujours la marque d’une raison tenue en échec.

    Il faut distinguer force et violence.

    Une force rationnelle et maîtrisée est une puissance qui cherche à convaincre et qui s’adresse à l’intelligence. Ainsi, Rousseau dit qu’il faut forcer les hommes à être libres. Il n’en va pas de même pour la violence qui, d’une manière ou d’une autre, est toujours destructrice. Mise au service de certaines idées, elle aboutit immanquablement au fanatisme. Ce dernier, en tant qu’il nie autrui, sa conscience libre et raisonnable, engendre lui-même la violence. On peut admettre que la violence soit fondée et que le rapport de dominant à dominé qu’elle instaure lui donne souvent le dernier mot, mais cela ne lui confère aucune légitimité. Elle est donc dans tous les cas illégale, même si elle peut servir à rétablir la légalité.

     

    Conclusion

    D’un point de vue moral et philosophique, on ne peut que condamner la violence (qu’il faut distinguer de la force). Mais du point de vue du réalisme politique, les choses ne sont pas aussi simples. Un pouvoir qui, par refus de violence, laisse se développer des violences qui rongent la société est plus condamnable qu’un pouvoir qui use de violence pour assurer la paix civile. La violence est toujours un mal, mais un mal qui est parfois nécessaire dès lors qu’il s’agit de défendre l’essence et la dignité de l’homme, c’est-à-dire sa liberté.


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