• Faut-il oublier le passé ?

    Faut-il oublier le passé ?

    Oui : le passé constitue une entrave à l’évolution de l’homme.

    Non : nous avons besoin de points de repère pour nous connaître dans le présent.

     

     

    1ère partie : oublier le passé, c’est investir le présent, c’est avoir plus de force pour évoluer, acquérir de nouvelles facultés, s’adapter à de nouvelles situations.

     

    Le temps ne se saisit que dans l’instant.

    Toute prise de conscience du temps se fait dans l’instant présent, par rapport auquel le passé n’est plus et l’avenir n’est pas encore. Le temps apparaît donc comme une succession d’instants chaque fois différents : « une nouveauté, toujours soudaine, ne cesse d’illustrer la discontinuité essentielle du temps », écrit Bachelard. Si je veux profiter pleinement du moment présent, je ne peux à la fois penser à mon passé et à mon avenir.

    L’oubli est une faculté positive, le signe d’une âme robuste et en pleine santé.

    Si, pour Nietzsche, l’oubli est ce qui rend possible la tranquillité de la conscience dans le présent, il est aussi une condition essentielle au développement de nouvelles facultés. Il faut « faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour faire des choses nouvelles ». C’est l’oubli qui empêche l’homme de sombrer dans la monotonie, la mélancolie. Sans l’oubli, l’homme aurait le sentiment d’avoir déjà tout vu et perdrait celui d’une vie réelle.

    L’essence de l’homme est dans ce qui est à venir.

    L’avenir apparaît comme la dimension essentielle de l’existence : « l’homme surgit dans le monde et ne se définit qu’après. Il n’est d’abord rien, il ne sera qu’ensuite ». Par cette affirmation, Sartre montre que l’homme n’est pas constitué par son passé. Avoir la force d’oublier, c’est avoir le désir de continuer à devenir et de se débarrasser d’une force aliénante qui est un frein à l’évolution humaine.

     

    2ème partie : comment un homme sans passé peut-il se définir dans le présent ? N’est-ce pas mon passé qui fait que je suis ce que je suis maintenant ? La mémoire n’est-elle pas une donnée essentielle de la nature humaine ?

     

    L’avenir n’est rien s’il n’existe pas de passé pour le définir.

    Dans la mesure où la nature de l’existence humaine est de se projeter dans l’avenir, chaque individu doit nécessairement tenir compte de son passé. Ce qu’il a vécu le détermine à faire un choix plutôt qu’un autre et lui fournit les moyens de parvenir à sa fin. « Le passé est le seul arsenal qui nous fournisse les moyens de façonner l’avenir », dit Jean Ortega.

     

    La conscience sans la mémoire n’est qu’un éphémère sans durée.

    Le présent n’étant rien d’autre que l’instant reliant le passé au futur, ainsi que le montre Bergson, il ne peut y avoir une existence humaine sans une mémoire qui « prolonge l’effet utile du passé dans le présent ». C’est par le passé que le présent acquiert une certaine consistance, qu’il devient perceptible. Sans mémoire, il n’y a pas de présence de la conscience, elle n’est pas encore et reste à l’état de possible. Pour moi, être conscient, c’est savoir ce que j’ai vécu.

    Le passé fait partie du présent

    Ce que nous considérons comme un individu dans le présent n’est en fait rien d’autre que le résultat de la formation progressive d’un sujet, qui s’est faite dans le passé. L’individu ne peut pas se créer instantanément, il est le résultat d’une longue histoire. Pour Ferdinand Alquié, « les souvenirs semblent adhérer à notre moi, constituer sa nature ». Notre passé détermine ce que nous sommes en tant qu’individu au sein d’une société, à laquelle il nous intègre par l’apprentissage d’une culture.

     

    Conclusion

    Si nous pouvons nous définir comme individu, c’est parce que nos expériences personnelles ont forgé notre individualité. Toutefois, il semble nécessaire pour notre équilibre psychique de pouvoir oublier ce que la conscience se refuse à assumer. Freud a montré qu’il ne s’agit pas d’un total oubli, mais d’un refoulement, la conscience rejetant dans l’inconscient ce qu’elle ne peut accepter. La vie psychique de l’individu, consciente et inconsciente, serait donc, dans sa plus grande partie, constituée du passé, ce passé qu’il faut pouvoir oublier s’il devient un trop grand poids pour ma vie présente.


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