• La paix de 1919 - La Société des Nations

    La paix de 1919 - La Société des Nations

    Après l’armistice du 11 novembre, les Alliés tinrent à Paris une Conférence où furent élaborés les traités de paix avec les puissances vaincues, Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Turquie. Avant de conclure tout traité, ils se mirent d’accord pour créer une Société des Nations, chargée de prévenir le retour de nouvelles tueries et de maintenir la paix.

     

     

    I – La Conférence de la Paix

     

    La Conférence interalliée de Paris s’ouvrit le 18 janvier 1919, sous la présidence de Clemenceau. 27 états y étaient représentés. En fait, toutes les décisions importantes furent prises en petit comité par le président des États-Unis Wilson, le premier ministre anglais Lloyd George et Clemenceau. L’accord fut parfois difficile, la discussion âpre et violente entre ces hommes si dissemblables de mentalité et de tempérament.

    Dès le 8 janvier 1919, le président Wilson avait formulé en 14 points son programme de paix ; ce programme, qui servit de base aux travaux de la Conférence, était d’inspiration démocratique et pacifiste : il visait à l’établissement d’un nouvel ordre international, fondé sur le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et sur l’organisation d’une Société des Nations, gardienne de la paix. Mais si les masses étaient enthousiastes d’un tel programme, les dirigeants et les diplomates européens étaient sceptiques quant à son application. Rien ne leur paraissait plus difficile que de convertir les principes idéalistes de Wilson en réalités viables. D’une part, les diverses nationalités n’étaient pas juxtaposées de telle façon qu’on pût les départager facilement ; elles s’enchevêtraient souvent de façon inextricable ; les aspirations nationales n’étaient pas également claires et définies chez tous les peuples. D’autre part, pour que la Société des Nations fût en état de maintenir la paix, il fallait que chaque puissance consentît à sacrifier quelque parcelle de sa souveraineté, à faire table rase de ses traditions, de tout un passé d’égoïsme national – conditions difficiles à réaliser, en Amérique aussi bien qu’en Europe. Enfin, pour Clemenceau, le vieux « Tigre », sans indulgence comme sans illusions, le problème capital était de briser la force allemande.

     

    II – Le traité de Versailles (28 juin 1919)

    Après des négociations difficiles, le traité de Versailles, imposé à l’Allemagne – les Allemands l’ont appelé le Friedensdiktat, la « paix dictée » - fut signée le 28 juin 1919. En tête du traité figurait le pacte de la Société des Nations, conclu par les Alliés le 28 avril.

     

    • Clauses territoriales

    L’Allemagne restituait l’Alsace-Lorraine à la France, la Posnanie à la Pologne – avec un « couloir » lui donnant accès à la Baltique. Elle acceptait que le sort du Slesvig, de la Prusse polonaise, de la Haute-Silésie fût réglé par plébiscite.

    Deux territoires, détachés de l’Allemagne, recevaient un statut spécial. A l’est, le port de Danzig, destiné à être le débouché économique de la Pologne, était constitué en ville-libre sous garantie internationale. A l’ouest, le territoire de la Sarre était placé sous contrôle international pour une période de 15 ans, à l’expiration de laquelle son sort serait fixé par plébiscite ; la France obtenait, en compensation de ses mines du Nord détruites, la propriété des mines de charbon de la Sarre.

    Hors d’Europe, l’Allemagne renonçait à toutes ses colonies, dont l’administration devait être confiée à diverses puissances par mandat de la Société des Nations.

     

    La paix de 1919 - La Société des Nations

     

    • Clauses financières

    L’Allemagne, déclarée responsable, s’engageait à réparer tous les dommages subis par la France et ses alliés, à rembourser toutes les pensions accordées aux victimes militaires de la guerre.

     

    • Les garanties

    Comme garanties contre l’Allemagne, la France obtenait : la réduction de l’armée allemande à 100 000 hommes ; l’occupation provisoire de la rive gauche du Rhin par les forces alliées pendant un délai de 5 à 15 ans ; une promesse d’assistance anglo-américaine en cas d’agression – promesse annulée par suite de l’opposition du Sénat américain.

     

    III – Les autres traités de paix

    Le traité de Versailles fut complété par d’autres traités qui achevèrent le remaniement territorial.

     

    • Démembrement de l’Autriche-Hongrie

    Les traités de Saint-Germain avec l’Autriche (septembre 1919) et de Trianon avec la Hongrie (juin 1920) consacrèrent le démembrement de la monarchie austro-hongroise. L’Autriche et la Hongrie, séparées l’une de l’autre, devenaient de petits États, l’une réduite à ses provinces allemandes, l’autre à des territoires de population magyare. Leurs provinces slaves se trouvaient partagées entre la Pologne ressuscitée, le nouvel État de Tchécoslovaquie et la Serbie transformée en royaume uni des Serbes, Croates et Slovènes – ou Yougoslavie. La Transylvanie était donnée à la Roumanie, qui devenait un grand État de 300 000 km2. L’Italie recevait l’Istrie avec Trieste et le Trentin ; elle disputait aux Yougoslaves la possession de Fiume et de la côte dalmate.

     

    • Démembrement de l’Empire turc

    Les traités de Neuilly avec la Bulgarie (novembre 1919) et de Sèvres avec la Turquie (août 1920) consacrèrent le démembrement de l’Empire turc. La Bulgarie perdait tout accès à la mer. La Grèce recevait la Thrace avec Andrinople et, en Asie, le port de Smyrne. Les Turcs ne conservaient en Europe que Constantinople et sa banlieue, en Asie que la province d’Anatolie. Les Détroits passaient sous contrôle international, l’Égypte sous le protectorat anglais ; les autres provinces turques d’Asie devaient être organisées en États libres et placées provisoirement sous la tutelle d’une puissance mandataire de la Société des Nations.

    La paix de 1919 - La Société des Nations

     

    IV – L’organisation de la paix : la Société des Nations

     

    Le vœu le plus ardent des combattants de la première guerre mondiale avait été la création d’un nouvel ordre international qui empêchât le retour de la guerre avec son cortège d’atrocités. Ce mouvement pacifiste aboutit, sous l’impulsion du président Wilson, au pacte inséré en tête du traité de Versailles et créant la Société des Nations – ou S.D.N. En vertu de ce pacte, les membres de la S.D.N s’engageaient à réduire leurs armements, à soumettre leurs différends à l’arbitrage, à n’avoir recours à la guerre en aucun cas avant l’expiration d’un délai de 3 mois passé la sentence des arbitres.

     

    • Fonctionnement de la S.D.N

    La S.D.N établit son siège à Genève. Son action s’exerça : par une Assemblée des délégués des États membres de la S.D.N, réunie tous les ans ; par un Conseil directeur de 9 membres, permanents ou élus ; par un Secrétariat permanent ; par une Cour permanente de Justice internationale, siégeant à La Haye ; par divers organismes établis en vue de développer la coopération internationale.

     

    • Le Bureau International du Travail

    Parmi les organismes internationaux rattachés à la S.D.N, le principal fut, à Genève, le Bureau International du Travail.

    Le traité de Versailles, considérant que « la paix universelle ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale », et qu’il existait « des conditions de travail impliquant pour un grand nombre de personnes l’injustice, la misère, les privations », avait établi une véritable « Charte du travail », fixant les principes et les méthodes qu’on devrait s’efforcer d’appliquer, dans le monde entier, en vue « d’assurer et de maintenir des conditions de travail équitables et humaines pour l’homme, la femme et l’enfant ». D’où la création d’un Bureau International du Travail, organisme permanent qui fut chargé de travailler à la réalisation d’un tel programme, par voie de projets de conventions nationales, ou encore de simples « recommandations » - recommandant par exemple l’adoption de la journée de 8 heures ou la semaine de 48 heures. Chaque année, les délégués des gouvernements, des organisations patronales et ouvrières, se réunissaient à Genève en une Conférence internationale du Travail.

     

    V – Premières difficultés

     

    Ni les traités de paix de 1919-1920, ni l’organisation de la Société des Nations ne réussirent à régler de façon stable l’avenir de la paix.

    Les traités, une fois signés, ne furent pas acceptés et ratifiés par tous les belligérants. Du côté des vaincus, la Turquie fit opposition : un gouvernement révolutionnaire, constitué à Ankara en Asie mineure, refusa de ratifier le traité de Sèvres. Du côté des vainqueurs, les États-Unis firent opposition : de retour en Amérique, le président Wilson ne put obtenir en effet la ratification du traité de Versailles par le Sénat américain – les États-Unis devaient conclure une paix séparée avec l’Allemagne en  1921.

    Les traités firent de nombreux mécontents, non seulement chez les puissances vaincues qui se considéraient comme victimes de décisions « injustes », mais encore dans l’autre camp où la fixation des nouvelles frontières devait conduire à de nombreuses crises. L’Italie, qui convoitait les provinces adriatiques de l’Autriche données à la Yougoslavie, s’estimait mal payée de l’aide apportée aux Alliés.

    La Société des Nations ne groupait pas tous les États. Elle ne fut ouverte d’abord qu’aux Alliés et aux neutres ; pour y entrer, tout autre État devait être agréé par l’Assemblée et « donner des garanties effectives de sa bonne foi ». Les États-Unis, revenus dès 1920 à l’ « isolationnisme », refusèrent d’y adhérer. Enfin, le pacte n’avait prévu l’organisation d’aucune force internationale permanente ; la S.D.N se trouvait donc dépourvue de tout moyen d’action efficace pour faire exécuter ses décisions – encore ces décisions devaient-elles être prises à l’unanimité de ses membres (article 5 du pacte). Ainsi constituée, la S.D.N restait bien en deçà des espoirs qu’elle avait suscités ; elle ne représentait qu’une force morale, dépendant entièrement de la bonne volonté et de l’accord des puissances qui disposaient de la force matérielle. Or cet accord n’existait pas.


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