• La Première guerre mondiale (1914-1918)

    La Première guerre mondiale (1914-1918)

    C’est l’attentat de Sarajevo, suivi de l’agression de l’Autriche contre la Serbie qui, par le jeu des alliances, a déclenché la guerre générale. Cette guerre a duré quatre ans (1914-1918) ; tout en ayant l’Europe pour centre, elle s’est étendue au monde entier. Mais c’est en France que les combats furent les plus acharnés. C’est en France aussi que la force allemande dut finalement capituler.

     

     

    I – De l’attentat de Sarajevo à la guerre générale

     

    La guerre a eu pour cause directe l’antagonisme irréductible de l’Autriche et de la Serbie dans les Balkans ; le prétexte en a été l’attentat de Sarajevo.

    Le 28 juin 1914, à Sarajevo en Bosnie, l’archiduc héritier d’Autriche et sa femme furent assassinés. Le meurtrier était un Bosniaque, mais l’attentat avait été préparé à Belgrade. D’accord avec l’Allemagne, l’Autriche décida de rendre la Serbie responsable du crime et de la contraindre à la guerre. Dans les entretiens secrets à Postdam (5-6 juillet), dans un Conseil à Vienne (7 juillet), le risque d’une guerre européenne fut pesé et accepté ; Guillaume II, il est vrai, croyait possible de « localiser » le conflit : il comptait sur la neutralité de l’Angleterre avec laquelle il était sur le point de conclure un accord colonial ; il croyait que la Russie n’interviendrait pas – le tsar pouvait-il soutenir les « régicides » ?

    Brusquement, le 23 juillet, l’Autriche présenta à la Serbie un ultimatum, dont les exigences étaient à dessein inacceptables ; puis, bien que la Serbie eût cédé sur presque tous les points, elle lui déclara la guerre (28 juillet).

    Mais déjà la localisation du conflit se révélait impossible. La Russie, décidée à ne pas laisser écraser la Serbie, commençait ses préparatifs militaires. En vain le gouvernement anglais, très pacifique, multipliait les offres de médiation. L’Allemagne les rejeta d’abord, s’y rallia ensuite – trop tard – lorsque la neutralité anglaise commença de lui paraître douteuse (29-30 juillet). L’intransigeance autrichienne faisait le jeu des Etats-Majors impatients d’agir. L’ordre de mobilisation générale, lancé par la Russie le 30 juillet, précipita la crise : l’Allemagne y riposta le 31 juillet par un double ultimatum, à la Russie et à la France, suivi d’une déclaration de guerre à la Russie (1er août), puis d’une déclaration de guerre à la France (3 août).

    A peine le conflit engagé, la Triple Alliance se disloqua : l’Italie invoqua « le caractère purement défensif » du pacte pour rester neutre. Au contraire la Triple Entente s’affirma : le gouvernement anglais était très divisé et hésitant ; mais la violation de la neutralité belge par les troupes allemandes le décida à rompre avec l’Allemagne (4 août) et à s’engager à fond aux côtés de la France et de la Russie.

     

    II – Le plan allemand

     

    La coalition des Empires centraux – renforcée de la Turquie en octobre 1914 – semblait très inférieure à une coalition qui englobait la France, les Empires russe et britannique, la Belgique, la Serbie – et aussi le Japon. Mais l’Angleterre n’avait qu’une petite armée ; l’armée russe, très nombreuse, était médiocrement organisée. Tout dépendait de la résistance que la France opposerait à la puissante armée allemande.

    Le plan de l’Allemagne était de se jeter sur la France avec presque toutes ses forces, de la mettre rapidement hors de combat, puis de se retourner contre la Russie. L’Allemagne comptait sur la supériorité de sa préparation technique, de ses formations de réserve, de son artillerie lourde de campagne, enfin sur l’effet de surprise que devait produire son attaque par la Belgique.

    L’armée française possédait un bon matériel d’artillerie légère – canons de 75 – mais elle manquait d’artillerie lourde ; l’organisation de ses formations de réserve était insuffisante ; ses fantassins en pantalon rouge formaient cible ; on les avait dressés à une tactique téméraire d’offensive à outrance à la baïonnette.

     

    III – La guerre de mouvement (1914)

    Le plan allemand parut d’abord sur le point de réussir.

     

    • La bataille des frontières

    La première grande bataille, dite bataille des frontières, eut lieu du 20 au 23 août. Les deux adversaires avaient pris l’offensive. L’État-major allemand, commandé par de Moltke, voulait tourner les fortifications françaises de l’Est et déborder l’aile gauche de l’armée française : à cet effet, il jeta cinq armées sur sept en Belgique. L’Etat-major français, commandé par Joffre, voulait paralyser la manœuvre allemande par une offensive foudroyante en Lorraine et dans l’Ardenne ; mais cette offensive fut brisée (20-22 août). L’aile gauche franco-anglaise, attaquée à Charleroi et Mons et menacée d’enveloppement, réussit à se dérober et à battre en retraite (23 août).

    La victoire allemande eut pour conséquence la perte de la Belgique et l’invasion de la France du Nord. Le commandement allemand eut l’impression d’avoir remporté une victoire décisive à l’Ouest – au point qu’il n’hésita pas à y prélever deux corps d’armée pour les envoyer contre les Russes.

     

    • Échec du plan allemand : la Marne et l’Yser

    Cependant, le but visé par les Allemands, l’anéantissement des forces françaises, n’était pas atteint. Par une avance rapide, ils s’efforcèrent d’envelopper les ailes de l’adversaire, ou de l’acculer à la frontière suisse. Mais en Lorraine, dès le 29 août, les Allemands furent tenus en échec ; les autres armées françaises se replièrent méthodiquement, jusqu’au jour où l’avance téméraire de l’aile droite allemande, commandée par Von Kluck, fournit au gouverneur de Paris, Gallieni, l’occasion d’une attaque de flanc (5 septembre). Alors, à l’appel de Joffre, toutes les armées françaises et les Anglais reprirent l’offensive (6 septembre). Après plusieurs jours de lutte, les Allemands, menacés de voir leur aile droite rompue et coupée en deux, battirent en retraite jusqu’à l’Aisne où ils se retranchèrent. La victoire de la Marne (6-13 septembre) eut pour effet non seulement le repli des Allemands, mais l’effondrement de leur plan initial ; elle eut aussi une grande portée morale : elle rendit à la France confiance en elle-même.

    La Première guerre mondiale (1914-1918)

    En cherchant à se déborder mutuellement, les deux adversaires finirent par étendre leurs lignes jusqu’à la mer du Nord. Après la prise d’Anvers (9 octobre), les Allemands tentèrent de frapper un grand coup en s’emparant de Calais : mais tous leurs assauts furent repoussés devant Ypres et sur l’Yser par les forces alliées, placées sous la direction de Foch (octobre-novembre). Ainsi, contrairement aux prévisions allemandes, la campagne de 1914 se terminait à l’ouest sans résultat décisif.

     

    • Sur les autres fronts

    Il en était de même sur tous les autres fronts. A l’est, les Russes, qui avaient envahi la Prusse orientale, subirent un désastre à Tannenberg (29 août), mais ils battirent les Autrichiens à Lemberg en Galicie (septembre). De sanglantes batailles sans résultats eurent lieu en Pologne autour de Varsovie (novembre-décembre). Sur mer, les Allemands n’osèrent pas risquer de grandes batailles navales ; ils se bornèrent à une guerre de course, puis à la guerre sous-marine. Enfin, s’ils ne purent empêcher les Alliés de conquérir leurs colonies, l’alliance turque leur permit de s’embusquer dans les Détroits et de menacer l’Egypte et Suez.

     

    IV – La guerre des tranchées

     

    Après les grandes batailles de 1914, les adversaires épuisés s’immobilisèrent face à face, dans des retranchements improvisés qui formèrent une ligne continue – 780 km de la mer de Nord à la frontière suisse. Ainsi commença une 2ème phase de la guerre, la guerre de tranchées, qui devait durer 3 ans, jusqu’en 1918.

    Des 2 côtés, on travailla à renforcer sans cesse les organisations défensives – réseaux de fils de fer barbelés, abris creusés sous terre ou bétonnés, succession de lignes en profondeur, tirs de barrage, flanquements de mitrailleuses. On remit en usage les armes qui convenaient au combat rapproché – grenades et lance-bombes – les armes défensives abandonnées depuis le Moyen-âge, les casques d’acier. On travailla aussi à perfectionner les moyens offensifs pour percer les lignes adverses : l’artillerie lourde et l’aviation se développèrent. On s’ingénia à trouver de nouveaux engins, capables de produire un effet de surprise foudroyant : les Allemands firent usage dès 1915 de liquides enflammés et de gaz asphyxiants ; les Français et les Anglais construisirent à partir de 1916 des chars d’assaut ou tanks. Pour fabriquer cet énorme matériel de guerre, il fallut multiplier et perfectionner les industries de guerre : la guerre prit un caractère de plus en plus scientifique et technique. Elle devint aussi une guerre économique : l’Angleterre, maîtresse des mers, bloqua les ports allemands et gêna le ravitaillement de l’Allemagne, surtout en produits alimentaires ; l’Allemagne riposta en inaugurant le blocus par sous-marins en torpillant même navires marchands et paquebots – le torpillage du grand paquebot anglais Lusitania, 7 mai 1915, fit plus de 1100 victimes.

    La guerre se prolongea, s’étendit, s’intensifia sans aboutir à des résultats plus décisifs qu’en 1914. Les Alliés avaient la supériorité du nombre et des ressources, mais, faute de préparation, de méthode et surtout d’un commandement unique, ils ne surent pas en profiter tout d’abord ; l’Angleterre n’établit de service militaire obligatoire qu’en 1916.

     

    • 1915 : l’année des revers orientaux

    L’année 1915 fut marquée par l’entrée en guerre de l’Italie contre l’Autriche, de la Bulgarie contre la Serbie et les Alliés. Elle fut surtout l’année des revers orientaux : tandis que les Anglo-Français échouaient dans leurs tentatives pour forcer les Dardanelles par mer et par terre, les Austro-Allemands réussirent à percer le front russe de Galicie, à refouler les armées russes, à occuper toute la Pologne, la Lituanie et la Courlande ; puis, renforcés par les Bulgares, ils écrasèrent l’armée serbe et conquirent la Serbie (octobre-décembre). Une expédition alliée de secours débarqua trop tard en Grèce à Salonique, mais elle y resta malgré l’opposition du roi Constantin et constitua l’armée d’Orient.

    Sur le front occidental, les multiples offensives françaises – Vauquois, les Eparges, batailles de Champagne et d’Artois – n’aboutirent qu’à décimer dangereusement nos effectifs – 400 000 hommes tués ou prisonniers, un million d’hommes évacués pour blessures ou maladies.

     

    • 1916 : l’année de Verdun

    L’année 1916 fut marquée par l’entrée en guerre du Portugal et de la Roumanie aux côtés des Alliés. Elle fut surtout l’année de Verdun, la plus grande bataille de la guerre par sa durée et son acharnement : pour la 2ème fois, les Allemands voulurent frapper un coup décisif sur leur principal adversaire, l’armée française ; ils attaquèrent en masse devant Verdun, avec le maximum de moyens matériels ; mais leurs furieux efforts, prolongés pendant 5 mois, se brisèrent contre la résistance opiniâtre des Français, commandés par le général Pétain. La suprématie militaire parut sur le point de passer aux Alliés, qui prirent à leur tour l’offensive sur la Somme et en Galicie. L’Allemagne en détresse remit le commandement suprême aux vainqueurs des Russes, Hindenburg et son adjoint Ludendorff. Ceux-ci réussirent à enrayer l’offensive alliée et à conquérir presque toute la Roumanie.

    Sur mer, les flottes anglaise et allemande se heurtèrent, à la grande bataille de Jutland, sans résultats décisifs (mai 1916).

     

    • 1917 : guerre sous-marine et entrée en guerre des États-Unis ; révolution russe

    Malgré les ressources trouvées en pays conquis, l’Allemagne était épuisée par le blocus. Pour essayer d’imposer la paix aux Alliés, elle eut recours à des moyens désespérés, tels que la guerre sous-marine à outrance (janvier 1917). La nouvelle guerre sous-marine, privant les neutres du droit de libre navigation, eut un effet presque immédiat : l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne, à l’appel du président Wilson (6 avril 1917). Mais les États-Unis n’avaient qu’une petite armée et leur intervention en Europe semblait difficile, sinon impossible.

    D’ailleurs l’Allemagne se crut sauvée par la révolution russe (mars 1917) : les nouveaux maîtres de la Russie conclurent avec les Allemands l’armistice de Brest-Litovsk (décembre) et entamèrent des négociations de paix. L’Allemagne parut avoir gagné la partie à l’Est.

    A l’Ouest, l’armée allemande, tenue d’abord prudemment sur la défensive, avait été ramenée par Hindenburg dans de fortes positions contre lesquelles vint se briser la téméraire offensive française de l’Aisne (avril). Avec les troupes ramenées du front russe, les Austro-Allemands purent rompre le front italien à  Caporetto (octobre) et envahir la Vénétie jusqu’à la Piave.

    Des signes de lassitude se manifestaient chez tous les belligérants, notamment en France où le mécontentement des troupes alla jusqu’à la mutinerie. Mais l’armée fut reprise en main par son nouveau chef, Pétain ; surtout l’arrivée au pouvoir de Clemenceau ranima les énergies.

    La Première guerre mondiale (1914-1918)

     

    V – 1918 : la victoire des Alliés

    En mars 1918, l’Allemagne impose les traités de Brest-Litovsk à la Russie et de Bucarest à la Roumanie. Puis, pour la 3ème fois, elle résolut de concentrer toutes ses forces à l’Ouest et de frapper sur les Alliés un coup décisif avant l’entrée en ligne des Américains.

     

    • L’offensive allemande

    Commencée le 21 mars, elle dura jusqu’au 18 juillet et aboutit à de grands succès tactiques. Grâce à une nouvelle méthode – secret absolu des préparatifs, préparation d’artillerie intense et brève, emploi massif d’obus toxiques – Ludendorff avait résolu le problème de la percée. A 3 reprises, en Picardie (mars), en Flandre (avril), sur l’Aisne (mai), les fronts anglais et français furent rompus. Les Allemands approchèrent d’Amiens, de Calais, de Paris.

     

    • 2ème victoire de la Marne et offensive alliée

    La situation était critique pour les Alliés. Ils se décidèrent enfin à confier le commandement unique au général français Foch (26 mars). Les Etats-Unis hâtèrent leurs envois de troupes – près de 10 000 hommes par jour en juin. Dès juin, une 4ème offensive allemande, sur Compiègne, fut promptement enrayée.

    Le renversement de la situation s’opéra du 15 au 18 juillet. Ce fut la 2ème victoire de la Marne, bataille décisive de la guerre : arrêtés net dans leur offensive en Champagne, puis brusquement attaqués de flanc, les Allemands, comme en 1914, durent se replier de la Marne sur l’Aisne. La victoire de la Marne marqua le début d’une grande offensive alliée. Foch ne laissa pas à l’ennemi déconcerté le temps de se ressaisir et de reconstituer ses réserves. Il multiplia ses attaques sur tous les fronts, avec emploi massif de chars d’assaut et d’avions. Les Allemands, menacés d’enveloppement, furent sans cesse contraints de se replier. Successivement, toutes leurs positions défensives, la formidable ligne Hindenburg elle-même, furent forcées (septembre-octobre). Les Alliés rentrèrent à Saint-Quentin, à Laon, à Lille, poursuivirent leur offensive victorieuse en Belgique.

     

    • Victoires sur les autres fronts

    Dans le même temps, en Macédoine et en Palestine, des victoires décisives obligeaient la Bulgarie (septembre), la Turquie (octobre) à déposer les armes. L’Autriche-Hongrie se disloquait, et vaincue par les Italiens à Vittorio-Veneto, abandonnait la lutte.

     

    • Capitulation de l’Allemagne

    L’Allemagne était en pleine révolution ; le 9 novembre Guillaume II s’enfuit en Hollande. Pour éviter un désastre total, les Allemands acceptèrent toutes les conditions imposées par l’armistice du 11 novembre. Cet armistice équivalait à une capitulation de l’Allemagne : il l’obligeait à livrer sa flotte, une partie de son matériel de guerre, et à évacuer la rive gauche du Rhin que les Alliés occupèrent. Les Français reprirent possession de l’Alsace-Lorraine : ils y reçurent un accueil enthousiaste.


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