• Le "Discours" est-il encore une oeuvre d'actualité ?

    Le "Discours" est-il encore une oeuvre d'actualité ?

    Oui : le Discours de la méthode rappelle qu’il faut toujours avoir recours à la raison avant de juger.

    Non : la prépondérance donnée à la raison ne tient pas compte de l’expérience, des sentiments et de la croyance.

     

     

    1ère partie : en doutant méthodiquement afin de distinguer le vrai du faux, je fais appel à ma pensée et je pose donc comme point de départ la raison et non des idées reçues.

     

    Au XVIIe siècle, les certitudes religieuses sont remises en cause par les avancées de la science.

    Descartes, en homme de science, sait que l’on ne peut plus faire confiance aveuglément à l’enseignement chrétien. Si un savant comme Galilée, en refusant les idées de l’Église concernant le mouvement des planètes, rectifie une thèse fausse, il doit être possible de faire de même en philosophie.

    Il faut douter de tout pour avoir des certitudes.

    Comme son titre l’indique, le Discours de la méthode est une méthode : elle s’inspire directement des mathématiques et elle a pour premier principe le « doute méthodique ». En mathématiques, rien n’est juste ou vrai tant que cela n’a pas été vérifié. Descartes procède de même pour remettre en question tous les enseignements qu’il a reçus.

    La raison humaine est au cœur de la pensée cartésienne.

    Si, comme dans le rêve, je crois vivre ce que je ne vis pas réellement, dans tous les cas, il demeure une certitude : je pense. Et si je pense, c’est que je suis. D’où la célèbre formule : je pense donc je suis. Voilà qui est acquis. Mais c’est encore insuffisant. En effet, sommes-nous toujours certains de penser par nous-mêmes ? Est-ce que nous ne faisons pas que répéter ce que nous avons entendu, appris sans le remettre en cause ? Descartes, pour éviter cet écueil, proposera les moyens méthodiques de ne jamais rien admettre dont on ne soit pas absolument certain.

     

    2ème partie : le grand tort de Descartes est d’avoir pensé en théoricien, au mépris des données de l’expérience. Ce qui l’a conduit à commettre, d’un point de vue scientifique, un certain nombre d’erreurs.

     

    Descartes s’est obstiné à conserver une vision mécaniste du monde.

    Dans le Discours de la méthode, Descartes recherche la vérité dans la science. Dans ce domaine, il est arrivé à des résultats probants, notamment en mathématiques et en optique. Mais il est également arrivé à des aberrations en physique et surtout en médecine. Sa vision mécaniste des choses l’a conduit à concevoir les organismes vivants comme des machines.

    Descartes n’a pas tenu assez compte de l’expérience, des faits observés.

    Passant à la philosophie, Descartes applique la même méthode de recherche de la vérité. Mais il analyse uniquement les vérités rationnelles et il ne tient pas compte de l’expérience et de la réalité des faits. C’est sur ce point que les empiristes critiqueront le cartésianisme, eux qui font dériver la connaissance de l’expérience sensible.

    La foi et la religion échappent à la raison.

    Dans le domaine de la foi, Descartes reste fidèle à sa méthode mais il est obligé, par souci de cohérence, de recourir au principe d’évidence (une idée qui se présente comme évidente à l’esprit est nécessairement vraie) pour expliquer ce que la raison ne peut expliquer. Ainsi, puisque l’homme se reconnaît comme imparfait (il doute), c’est qu’il a une idée du parfait. Or cette idée ne peut que lui avoir été donnée par Dieu. Donc Dieu existe. Cette démonstration inclut Dieu dans le domaine du rationnel alors qu’aujourd’hui, on considère plutôt la foi comme extérieure à la philosophie.

     

    Conclusion

    Pour comprendre pourquoi le Discours de la méthode est considéré comme révolutionnaire, il faut s’imaginer le paysage culturel du XVIIe siècle. Premièrement, Descartes donne à la science son propre fondement, sans recourir aux explications théologiques. Deuxièmement, il place au point de départ la personne humaine, le cogito, et non les vérités théologiques. Voilà pourquoi Hegel verra dans Descartes le « premier penseur moderne ». Hormis les restrictions quant à la place de l’expérience et des sentiments dans l’œuvre de Descartes, lire aujourd’hui le Discours, c’est rechercher la vérité en toute chose et ne pas se laisser abuser par une soumission aveugle à une quelconque autorité.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :