• Le suicide est-il un défi à la société ?

    Le suicide est-il un défi à la société ?

    Oui : le suicide est un acte d’insoumission, un constat d’échec pour la société qui n’a pas réussi à garder un être dans la communauté.

    Non : le suicide est un défi à la vie, un acte individuel d’auto-délivrance qui ne s’oppose pas à la collectivité.

     

     

     

    1ère partie : le suicide est un refus d’une vie jugée aliénante. Il est l’expression de la liberté humaine et une remise en cause de la société.

     

    Le suicide est l’ultime réponse à une société qui n’est pas capable d’offrir une vie décente.

    Incompréhension, solitude, exclusion, désespoir : les causes mêmes du suicide renvoient à la société, à ce qu’elle n’a pas réussi à faire pour garder un être au sein de la communauté. Comme l’a expliqué Durkheim, l’un des fondateurs de la sociologie, il existe, dans une société donnée, un rapport entre la force du lien social et le taux de suicide. Pour lui, les statistiques montrent que moins il y a intégration, plus le nombre de suicides augmente.

    Le suicide est une forme de rupture du lien social, la négation même de la société.

    Le lien qui unit l’individu à la société est si fort que, pendant de nombreux siècles, le suicide a été considéré comme une atteinte à l’Etat et poursuivi comme délit. Aujourd’hui encore, dans certaines législations anglo-saxonnes, cet acte individuel qu’est la tentative de suicide peut faire l’objet de poursuites judiciaires. Dans les sociétés où l’on considère que l’individu a des devoirs envers la collectivité, le suicide est donc bien un acte d’insoumission, un défi ; nier le fait social en se donnant la mort, c’est faire le constat d’un échec. L’homme est le fondement de la société, et celle-ci ne peut que réprouver un acte qui est l’expression d’une faillite, de sa faillite.

     

    2ème partie : grâce au suicide, l’homme peut se mettre en conformité avec sa dignité d’être humain, et refuser, au nom de sa liberté, toute forme de déchéance.

     

    Le suicide est un défi que l’homme lance à la vie.

    En se suicidant, l’homme est prêt à affronter, de sa propre volonté, la mort. Il lui appartient de pouvoir choisir une mort digne plutôt que la déchéance. Tel fut le cas de l’écrivain Henri de Montherlant, qui mit fin à ses jours en laissant comme seul message : « Je deviens aveugle, je me tue ». L’homme exclu de la communauté par la maladie ne défie pas la société en choisissant de mourir. Il défie la vie qui l’abandonne.

    La dignité de l’être humain, c’est de pouvoir être maître de sa vie comme de sa mort.

    Même si l’on considère l’individu sous l’angle des devoirs qu’il a envers la société, on ne peut pas condamner radicalement le suicide. Il peut être l’acte noble et responsable de celui qui constate en toute lucidité qu’il ne peut plus « remplir sa tâche ». Les épicuriens se tuaient avec noblesse et ironie. Les stoïciens y voyaient la marque suprême de la liberté : le sage doit savoir sortir de la vie « comme l’on sort d’une pièce enfumée ».

    Le suicide est un droit à la vie.

    Le suicide est la revendication du droit le plus élémentaire et le plus fondamental : la vie. Même si cela est paradoxal, l’homme qui se suicide affirme une dernière fois son droit de vivre en tant qu’être humain.

     

    Conclusion

    L’appréciation morale que l’on porte sur le suicide varie selon les convictions individuelles, les peuples et les religions. Le suicide est parfois un défi lancé à la société, le dernier message adressé à une communauté à laquelle on appartenait et qui n’a pas su nous retenir en con sein. Mais il est aussi parfois un acte purement individuel, la quête dernière de la dignité, le refus d’une situation aliénante. Toutefois, on peut se demander si le suicide est bien un acte de liberté, puisque, comme le dit Kant, après la mort, il n’y a plus de liberté.


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