• Le travail est-il nécessaire pour devenir libre ?

    Le travail est-il nécessaire pour devenir libre ?

    Oui : le travail permet à l’homme de se libérer en maîtrisant et en transformant la nature.

    Non : le travail est synonyme d’aliénation et d’esclavage.

     

     

    1ère partie : le travail permet de transformer la nature et de se transformer soi-même ; il est la seule façon pour l’homme d’accéder à la plus haute liberté.

     

    L’humanité s’affirme par le travail.

    Le travail fait passer l’homme de l’animalité à l’humanité. C’est dans le travail seul que se révèlent l’ingéniosité et les capacités humaines. Je peux certes considérer que le travail m’est imposé, mais il me procure tout de même une maîtrise des choses : je crée, je transforme, j’agis.

    La dialectique du maître et de l’esclave

    Lorsque le « maître » me donne ou m’impose un travail, je suis un « esclave », mais je possède dès lors un pouvoir. L’idéal, évidemment, serait de n’être dépendant de rien ni de personne ; mais cela est une liberté abstraite. Dans le concret, et comme Hegel l’a montré, travailler n’est pas seulement être aliéné aux ordres d’un autre, c’est œuvrer à la transformation de la nature (ou d’un objet) et de soi-même. J’ai entre les mains un travail qui me permet d’agir ; j’échappe ainsi à la domination absolue du « maître », j’acquiers un espace de liberté. Comme le dit Sartre : « L’élément libérateur de l’opprimé, c’est le travail ».

    Le travail révèle la liberté.

    En travaillant, en affrontant la résistance des choses (intellectuelles ou matérielles), je produis donc une œuvre qui me révèle ma propre liberté ou, tout du moins, un désir de liberté. J’ai déjà pris conscience que je pouvais être libre, même si le chemin est encore long pour être totalement libre.

     

    2ème partie : l’organisation du travail est telle que l’homme est réduit à n’être que le rouage asservi d’un système qui l’écrase. Il ne peut donc s’épanouir que dans ses loisirs.

     

    Tout ce que le travail me procure, ce sont des contraintes et de la fatigue.

    Les citoyens libres de l’Antiquité l’avaient très bien compris, eux qui, grâce à leurs esclaves, ne travaillaient pas. Il n’est donc pas possible de considérer le travail comme libérateur, quand la production fait de l’homme un travailleur parcellaire – je n’effectue qu’une « parcelle » d’une chose – qui s’ennuie devant un labeur reçu comme une punition.

    Le travail est un asservissement de l’homme.

    Tant qu’il travaille, l’homme est asservi soit à la machine, soit aux lois de la productivité. Le travail entrave donc le développement de la raison individuelle ; pire, non seulement on ne me demande pas de réfléchir, mais on souhaite que je ne réfléchisse pas, car cela pourrait perturber la production. Vive le taylorisme ! Même le travail manuel n’a plus rien de créateur ; l’automatisation m’empêche d’avoir un contact avec les objets que je fabrique : j’appuie sur des boutons, et c’est tout. Je ne fais que surveiller la machine qui travaille ou l’ordinateur qui donne des ordres.

    Nous ne sommes libres que pendant nos loisirs.

    Lorsque je m’attelle à mon travail le lundi, j’ai pour seul objectif le vendredi. L’homme n’est donc libre qu’à partir du moment où, son travail fini, il se livre, pour son plaisir, à des activités ludiques dans lesquelles il trouve enfin l’occasion de se découvrir lui-même. Le loisir intelligent et heureux dont nous prive le travail est la seule possibilité pour l’homme de réaliser pleinement sa liberté.

     

    Conclusion

    L’opposition entre travail et liberté n’est pas une fatalité, ce n’est pas le travail en lui-même qui est aliénant, mais la façon dont il est organisé. Il n’est pas pénible de construire des voitures, il est pénible de les construire sans plaisir et, en même temps, de se sentir exploité. Certes, le travail me fournit un salaire qui me permet de choisir librement mes loisirs – encore faut-il que ce salaire soit suffisant pour payer autre chose que mon logement, mes habits et ma nourriture – mais il ne suffit pas à lui seul à libérer l’homme. Il faut donc que je puisse aussi utiliser mon travail comme un moyen de libération. Comme si je travaillais dans mon jardin.


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