• Les reliefs volcaniques

    Les reliefs volcaniques

    Si la fine silhouette du Fuji Yama est aimée des Japonais pour sa ligne parfaite soulignée de neiges scintillantes, en diverses régions du globe les hommes furent, plus prosaïquement, attirés par la fertilité des dols volcaniques.

    Ainsi de nombreux villages parsèment les flancs du Vésuve malgré le danger des éruptions.

    Quant aux chercheurs, ils s’interrogent sur l’origine et l’évolution des formes étranges des pays volcaniques.

     

     

    I – Les paysages volcaniques

     

    Le cône de débris est la forme la plus simple. Son sommet s’achève par une ouverture circulaire, le cratère, qui est la terminaison visible de la cheminée d’où proviennent les roches volcaniques : les laves.

    Les culots de lave ont une forme générale d’aiguille, de casque ou de dôme. Leurs pentes sont raides, pouvant atteindre la verticale. Le dôme de la montagne Pelée, dans l’île de la Martinique, est un bloc compact de laves, serti à sa base par une masse de débris formée de cendres amalgamées : les cinérites. Les formes volcaniques peuvent constituer un paysage encore plus pittoresque quand elles parsèment de manière inattendue une plaine de leurs dessins hardis. C’est le cas, au Puy, des rochers Corneille et Saint-Michel : pitons que l’on nomme des necks. Dans le même site, la muraille de Polignac, plus longue mais tout aussi raide, constitue un dyke.

    Au contraire, les plateaux et les coulées présentent des surfaces monotones, horizontales ou peu inclinées. On a souvent observé que la masse des basaltes constituant les coulées est divisée en prismes hexagonaux verticaux comparables à des tuyaux d’orgues.

    Ces formes élémentaires se combinent dans les édifices volcaniques de grande taille appelés volcans composés. Autour d’une ou plusieurs cheminées centrales, l’édifice est formé d’un empilement de coulées et de cinérites.

     

    II – Construction des reliefs volcaniques

     

    Les reliefs volcaniques sont exclusivement formés de roches venues de la profondeur. Ceci explique le caractère imprévu, surajouté, on a souvent écrit postiche, des volcans et des coulées.

    Si les roches venues des profondeurs sont acides, elles se refroidissent rapidement, bloquent la cheminée en se solidifiant, et la prochaine poussée interne entraînera une explosion. Inversement, les roches volcaniques basiques se refroidissent lentement et ont le temps de couler par gravité loin du cratère d’émission. Ces deux processus sont responsables des deux principaux types de formes élémentaires : dômes de lave et coulées.

    Dans les éruptions de type hawaïen, le basalte – roche basique à refroidissement lent – s’écoule jusqu’à des distances considérables de la cheminée d’émission ; des nappes de laves superposées échafaudent de vastes montagnes aux pentes douces. Le Mauna-Loa, aux îles Hawaï, culmine à 4200 mètres, mais ses pentes dépassent rarement 5°.

    Dans les éruptions de type strombolien, on voit se succéder de calmes écoulements de laves semi-fluides, interrompus par des phases plus violentes : explosions qui projettent des débris solides ou qui se solidifient dans l’air. Ces débris, appelés scories, retombent sous forme de bombes volcaniques (gros blocs de lave) et de lapilli (blocs plus petits, de la taille des cailloux). Mais les éruptions ne sont pas assez fortes pour fournir des cendres.

    Le relief qui en résulte est plus compliqué. Un cône central formé surtout de débris est entouré de coulées aux pentes douces. L’altitude du cratère varie après chaque explosion. Depuis deux siècles, celle du Vésuve oscille entre 1000 et 1350 mètres.

    Dans les éruptions de type vulcanien, les laves, les andésites, sont visqueuses et ne s’écoulent pas. Elles encombrent le cratère, s’y solidifient en formant un bouchon qu’une poussée ultérieure ne pourra faire sauter qu’au prix d’une violente explosion. On assiste alors à la projection de bombes, de lapillis et de cendres, ces dernières pouvant retomber à grande distance. Lorsque le Krakatau explosa en 1883, cette petite île volcanique entre Java et Sumatra, disparut aux deux tiers.

    La catastrophe de 1902, occasionnée par la Montagne Pelée, a donné leur nom aux éruptions de type péléen. En 1902, après avoir émis des fumées et des cendres, la Montagne Pelée fut secouée par une très violente explosion suivie aussitôt d’un extraordinaire phénomène. Une nuée ardente : épais nuage de cendres, de pierres, de vapeur d’eau surpressée et de gaz carbonique glissa à une vitesse terrifiante le long des pentes de la montagne et anéantit instantanément la ville de Saint-Pierre.

    L’éruption – quel qu’en soit le type – est un phénomène spectaculaire mais rapide. De longues périodes de calme peuvent intéresser les volcans dits actifs (ceux dont on connaît au moins une éruption dans la période historique). La construction des reliefs volcaniques s’effectue donc à une toute autre échelle que la très lente sédimentation marine, par exemple. Le Monte Nuovo s’est édifié entre le 28 septembre et le 6 octobre 1538 sous les yeux des Napolitains ébahis. Le 20 février 1943, le Paricutin surgit d’un champ, sur les plateaux à 300 km de Mexico. Deux mois plus tard il avait 500 m de hauteur relative.

    L’inventaire des roches volcaniques est facile. On les classe d’après leur aspect extérieur et d’après leur nature chimique, de laquelle dépend la plus ou moins grande fluidité.

    L’aspect extérieur permet de distinguer les laves épanchées à l’état fluide, en coulées, et les projections, ou scories, qui comprennent les bombes (blocs refroidis en l’air), les petites pierres bulleuses appelées lapilli, et les cendres (matériaux pulvérisés par une explosion violente) ; il peut se produire aussi des mélanges appelés brèches, de blocs et de cendres.

    D’après la nature chimique, les matériaux volcaniques se divisent en basaltes (très fluides) comme ceux des Hawaï, andésites (un peu moins fluides) comme la pierre de Volvic en Auvergne, trachytes, phonolites, rhyolites et domites (Puy de Dôme, Sancy, Montagne Pelée), peu fluides.

    Des premiers aux derniers, l’acidité croît tandis que la fluidité décroît.

    On a longtemps hésité sur les causes du volcanisme. L’hypothèse la plus sûre l’associe aux fractures de l’écorce terrestre. Les volcans sont toujours localisés dans les régions faillées ; soit au fond des fossés, soit sur les blocs soulevés, soit sur les failles bordières. La meilleure preuve en est donnée par l’alignement quasi rectiligne des volcans sur le tracé des grandes failles.

    Ceux des Andes chiliennes sont ainsi disposés en chapelet sur une grande cassure de 1500 km de long. Les roches volcaniques sont expulsées à travers les cassures, par des pressions internes encore mal connues, dans les régions de tectonique récente.

     

    III – Évolution des reliefs volcaniques sous l’action de l’érosion

     

    L’action des l’érosion sur un cône de débris entraîne une diminution de l’altitude et la formation de pentes de plus en plus douces. Les roches sont ravinées par des petits torrents, des pans entiers glissent par gravité ou descendent lentement par creeping. Si l’action de la torrentialité est particulièrement active, les ravins déchirent toute la surface du cône et l’évolution est particulièrement rapide.

    L’érosion, en entraînant les éléments tendres, dégage la cheminée du volcan remplie de laves : c’est le culot de laves ou neck, en forme de colonne. La mise en relief des cheminées secondaires donne aussi des necks, tandis que les murailles de laves dures qui ont rempli les failles sont à l’origine des dykes.

    Une coulée basaltique est dure et perméable, les eaux s’y infiltrent comme dans un karst. Si les roches voisines sont tendres, l’érosion a vite fait de les déblayer et la coulée basaltique qui, à l’origine, s’était installée nécessairement dans un creux, se trouve maintenant perchée : c’est l’inversion du relief volcanique.

    Quant aux grands plateaux basaltiques, leur évolution sous l’action de l’érosion n’est pas sans rappeler, encore une fois, celle des régions calcaires. Leur masse est aérée par de grandes vallées aux versants raides que l’on appelle canyons. A un stade ultérieur de l’évolution, les grands plateaux sont réduits à l’état de mesas, tables isolées, dominant les vallées voisines.

    Dans les grands volcans composés comme le Cantal, qui n’a pas eu d’éruption au quaternaire, l’érosion a sculpté une grande variété de formes dérivées de la structure. Elle a fait disparaître la partie la plus haute, où se trouvaient de grands cônes de scories et n’en a laissé subsister que des culots, moulages des cheminées. Les grandes coulées périphériques sont découpées, par un réseau fluvial rayonnant, en plateaux triangulaires appelés planèzes.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :