• Quand se nourrir devient un enfer

    Quand se nourrir devient un enfer

    Stress, anxiété incontrôlable, sensation de vide ou d’angoisse peuvent être source de malaise et pousser chacun à manger plus de que raison. Irrégulier, le besoin de se sentir « plein » ou d’avoir « chaud à l’estomac » ne doit pas être confondu avec la boulimie. Ce trouble du comportement alimentaire, qui touche majoritairement les adolescentes et les jeunes femmes, peut devenir une véritable prison pour l’individu. Jusqu’à mettre sa vie en danger.

     

     

    Avant la compulsion

    La recherche du plaisir, l’instinct ou les habitudes socioculturelles influencent notre comportement alimentaire. Souvent régulé par des horaires précis, le signal de la faim correspond en premier lieu à une baisse de la glycémie. Après avoir mangé correctement, le mécanisme de satiété indique normalement la fin du repas. Certes, les excès ne sont pas rares dans la vie d’un individu, ni le besoin de compenser le stress en mangeant du chocolat ou en dévorant un paquet de chips. Mais lorsque d’épisodique, le dérèglement alimentaire devient compulsif, il quitte la normalité pour se transformer en grave problème de santé.

     

    Dépendance

    Comme face à tout mécanisme de dépendance, le boulimique peut bien essayer de se raisonner : l’envie de manger est la plus forte. Elle s’impose sous la forme d’un besoin irrépressible d’ingurgiter de la nourriture, parfois plusieurs fois par jour. La malade ayant perdu tout contrôle, il lui faut avaler, en général des sucres ou des produits très caloriques à toute vitesse et le plus possible, sans mâcher. Comme si quelqu’un allait lui enlever son assiette avant qu’il ait fini ou qu’il n’avait pas mangé depuis des mois. La sensation de satiété n’est ressentie par le malade que lorsque son estomac est dilaté. Outre un léger sentiment de satisfaction, de quiétude, une phase plus ou moins courte de répit survient après la crise, jusqu’à la prochaine.

     

    Du répit au malaise

    Mais dans la majorité des cas, le boulimique éprouve un trop-plein à la limite du malaise, après un tel repas. Pour s’en débarrasser, et par peur de prise de poids, il va se purger de ses excès en se faisant vomir ou en prenant un laxatif. Pour se libérer, certains compensent chaque crise par un débordement d’activités physiques. Le poids peut ainsi rester tout à fait stable, car le boulimique est très rarement obèse.

     

    Engrenage infernal

    Le sentiment de culpabilité qui surgit après la crise relativise l’apaisement que le boulimique trouve en mangeant. La honte fait partie de son quotidien et peut l’amener à s’exclure de la vie sociale. En raison de la stabilité de son poids et de son silence, l’entourage familial, amical et professionnel ne se rend compte de rien, ou trop tard.

     

    Du désordre psychique aux troubles physiologiques

    Les vomissements et la prise de laxatifs bouleversent le métabolisme avec :

    • Des distensions douloureuses dues au remplissage brutal et excessif de l’estomac.
    • Des inflammations des muqueuses de l’œsophage et de l’estomac, pouvant aller jusqu’à l’ulcère.
    • Des crevasses aux doigts.
    • Des fausses routes alimentaires, qui lors des vomissements, menacent les voies respiratoires et provoquent des infections broncho-pulmolaires.

    Autant de symptômes qui affectent le boulimique.

     

    Causes

    Elles sont diverses, souvent liées à des troubles du désir ou à une dépression masquée. Le climat familial, les conflits au foyer, la violence, l’absence ou les ruptures sont parfois invoqués comme sources de ce trouble du comportement alimentaire.

    Au plan psychologique, la constitution d’un fond dépressif peut être longtemps ignorée, ainsi que des tendances suicidaires. Loin de calmer le processus, chez certains boulimiques, la consommation d’alcool ou de drogues va au contraire favoriser les crises.

    La contrainte sociale qui pèse sur les jeunes filles et les femmes tient aussi une place dans cet engrenage. Les régimes impossibles à tenir, l’obsession de la minceur, de vouloir ressembler à tout prix aux images imposées par la société participent à l’enfer de la boulimie.

     

    Traitement

    La honte et la culpabilité ressenties par le boulimique ont pour conséquence le diagnostic tardif de la maladie. Les antidépresseurs sont parfois efficaces, mais n’empêchent pas toujours les récidives. Le soutien psychiatrique et comportemental est alors incontournable, ainsi que l’hospitalisation dans les situations les plus graves. La prise de parole et une régulation entre gestion du stress et alimentation favoriseront un retour à une relation plus équilibrée avec la nourriture et soi-même.

     

    Anorexie mentale

    C’est l’autre grand trouble alimentaire compulsif. Plus déroutant pour l’entourage car plus visible, il débute le plus souvent à l’adolescence, motivé par l’obsession d’être toujours plus mince.

    L’anorexie touche les filles dans 9 cas sur 10 et, comme pour la boulimie, il s’agit le plus souvent de célibataires. Ce désir de maigrir repose sur une perception du corps totalement imaginaire, sans rapport avec la corpulence réelle. Le refus de s’alimenter est, comme pour la boulimie, caché à l’entourage, car l’anorexique va ajouter à cette véritable grève de la faim des laxatifs et se faire vomir lorsqu’elle aura consenti à manger.

    C’est une maladie grave, difficile à traiter lorsque l’amaigrissement devient pathologique et les carences nutritionnelles excessives, voire irréversibles. Des menstruations anormales et un métabolisme basal ralenti sont le reflet des effets dépresseurs de l’inanition, certaines personnes arrivant à mourir de faim. Comme pour la boulimie, hospitalisation et rupture d’avec le milieu familial peuvent s’avérer indispensables. Le traitement est long, et les rechutes nombreuses.

     

    Psychothérapie

    En raison du poids secret qui entoure le malade, qu’il soit boulimique ou anorexique, la psychothérapie de groupe est particulièrement bien adaptée aux troubles alimentaires compulsifs. L’objectif est déjà de briser l’isolement et le silence qui entourent la maladie. L’échange et le témoignage des expériences des autres patients vont également participer à la restructuration sociale du malade.


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