• Fondation de la 3ème République française

    Fondation de la 3ème République française

    La Troisième République, née en 1870, en pleine guerre franco-allemande, en plein désastre, a eu des débuts difficiles. Longtemps on se demanda si le régime définitif de la France serait républicain ou monarchique.

    I – Gouvernement provisoire et Assemblée nationale

     

    En 1870, dans la guerre franco-allemande, les armées françaises furent écrasées ; Napoléon III capitula à Sedan. La capitulation de Sedan eut pour conséquence immédiate la révolution du 4 septembre : Paris, soulevé d’indignation, proclama la République ; les députés républicains de Paris formèrent un gouvernement de défense nationale. Un membre de ce gouvernement, Gambetta, patriote ardent, s’échappa en ballon de Paris assiégé et organisa la défense en province. Mais la capitulation de Bazaine à Metz enleva toute chance de succès aux armées improvisées de la République ; Paris, affamé et bombardé, ne put être débloqué. Le gouvernement signa l’armistice de Versailles (28 janvier 1871).

    Le gouvernement de la Défense nationale n’était qu’un gouvernement provisoire. Pendant l’armistice, en février 1871, la France eut à élire une Assemblée nationale, pour décider de la paix ou de la continuation de la guerre. Gambetta et la plupart des candidats républicains se prononcèrent pour « la guerre à outrance ». Mais le plus grand nombre des électeurs, sauf à Paris et dans l’Est, voulaient la paix. Les royalistes l’emportèrent à une forte majorité, parce qu’ils s’étaient déclarés partisans de la paix.

    L’Assemblée, réunie à Bordeaux, vota la paix avec l’Allemagne et nomma Thiers « chef du pouvoir exécutif de la République… en attendant qu’il soit statué sur les institutions de la France ». La République n’avait donc qu’un caractère provisoire ; la majorité royaliste de l’Assemblée réservait l’avenir.

     

    II – Gouvernement de Thiers (1871-1873)

     

    Thiers, homme d’État au long passé politique, un des chefs de l’opposition sous le Second Empire, avait signalé en leur temps les fautes de la politique extérieure de Napoléon III ; il s’était notamment opposé, en 1870, à la déclaration de guerre, ce qui lui valait, depuis la défaite, une popularité immense, surtout dans la bourgeoisie conservatrice dont il était l’incarnation.

     

    • La Commune insurrectionnelle de Paris (mars-mai 1871)

    Avant même la signature de la paix, Thiers eut à lutter contre le peuple de Paris insurgé. L’insurrection eut plusieurs causes : la misère populaire, l’exaltation produite par le siège, aggravée encore par l’entrée des troupes allemandes dans Paris ; l’antagonisme entre les royalistes de l’Assemblée et les républicains parisiens d’opinions avancées ; enfin, trois mesures maladroites prises par l’Assemblée : suppression de la solde des gardes nationaux – le travail n’ayant pas repris, beaucoup n’avaient que cette solde pour vivre - paiement immédiatement exigible des loyers et effets de commerce – faute d’argent, beaucoup se trouvaient exposés à des poursuites judiciaires – transfert de l’Assemblée à Versailles – cette dernière mesure parut une marque de défiance à l’égard de Paris, dénoncé par les royalistes comme « le chef-lieu de la révolte organisée, la capitale de l’idée révolutionnaire ».

    L’insurrection commença par l’émeute du 18 mars 1871. Thiers avait donné l’ordre aux troupes de s’emparer des canons restés aux mains de la garde nationale, à Montmartre ; les soldats, invités par le peuple à fraterniser avec lui, refusèrent d’obéir à leurs officiers, mirent la crosse en l’air ; deux généraux furent saisis et fusillés par une bande d’émeutiers. L’insurrection s’étant propagée dans tout Paris, Thiers décida de transférer le gouvernement à Versailles et de ne rentrer à Paris que par la force.

    Paris, livré à lui-même, se donna un nouveau gouvernement appelé la Commune, qui comprit une majorité de révolutionnaires. La Commune adopta le drapeau rouge et fit la guerre au gouvernement de Versailles. Ce fut une lutte sans merci. Les troupes régulières, sous le commandement de Mac-Mahon, repoussèrent facilement l’unique offensive des Fédérés – les Communards – contre Versailles (3 avril), puis entreprirent un second siège de Paris ; le 20 mai, elles entrèrent dans Paris par surprise. Alors commença la semaine sanglante (20-28 mai), une atroce guerre de rues, au milieu des immenses incendies que les insurgés, dans la folie du désespoir, avaient allumés. Vaincus, les fédérés fusillèrent leurs otages, parmi lesquels l’archevêque de Paris. Eux-mêmes furent impitoyablement traqués et décimés par les vainqueurs : plus de 20 000 furent tués. La répression fut sévère : il y eut 50 000 arrestations, les conseils de guerre prononcèrent 6000 condamnations – à mort, au bagne, à la déportation, à la prison. Comme après juin 1848, les partis avancés se trouvèrent éliminés pour longtemps de la vie politique.

     

    • L’œuvre de réorganisation

    Malgré cette sanglante victoire, et bien qu’elle bénéficiât de l’appui des propriétaires terriens et des masses paysannes, l’Assemblée n’osa pas rétablir tout de suite la royauté ; elle laissa Thiers gouverner avec le titre de Président de la République et des pouvoirs étendus. Thiers reconstitua l’armée par la loi militaire de 1872, les finances par l’accroissement des impôts indirects. Il eut surtout le mérite de hâter la libération du territoire (1873), en assurant le paiement rapide de l’indemnité de guerre par deux emprunts dont le succès prodigieux, même à l’étranger, témoigna de la richesse et du crédit de la France ; le second emprunt fut couvert 14 fois – pour 3 milliards demandés, les souscriptions dépassèrent 43 milliards.

     

    • Chute de Thiers

    Mais Thiers s’était rallié à la République. Il entra en conflit avec la majorité royaliste de l’Assemblée qui voulait la restauration de la royauté. Le 24 mai 1873, par un vote de défiance, l’Assemblée l’obligea à donner sa démission et élut à sa place le maréchal Mac Mahon, soldat sans expérience politique mais royaliste convaincu, qui confia le ministère au duc de Broglie, chef de la coalition royaliste.

     

    III – Tentative de restauration de la royauté

     

    Le duc de Broglie travailla aussitôt à préparer la restauration. Le principal obstacle était la division des royalistes en légitimistes, partisans du comte de Chambord, petit-fils de Charles X, et en orléanistes, partisans du comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe. On négocia la fusion, c’est-à-dire la réconciliation des deux prétendants : le comte de Chambord régnerait le premier ; comme il n’avait pas d’enfants, son héritier serait le comte de Paris. Déjà on préparait à Paris le couronnement d’Henri V. Mais le comte de Chambord déclara que, fidèle au drapeau blanc, il ne pouvait accepter le drapeau tricolore, symbole révolutionnaire de la souveraineté du peuple. Devant cette intransigeance, la restauration fut ajournée.

     

    IV – Gouvernement de Mac-Mahon (1873-1879)

     

    • Septennat et Ordre moral

    En attendant des circonstances plus favorables – ce ne pouvait être que la mort du comte de Chambord qui ferait du comte de Paris le roi légitime – la majorité royaliste de l’Assemblée vota la Présidence à Mac-Mahon pour 7 ans. Le régime du septennat fut aussi le régime de l’Ordre moral. Sous prétexte de rétablir l’ordre moral, le gouvernement prit des mesures de répression contre les républicains : révocations de fonctionnaires suspects d’opinions républicaines, procès aux journaux républicains… ; il fit enlever des mairies tout insigne républicain. Il avait pour principal appui le clergé, qui faisait campagne à la fois pour la restauration de la royauté en France et pour le rétablissement du Pape dans son pouvoir temporel, c’est-à-dire dans ses anciens États.

     

    • Fondation de la République parlementaire (1875)

    La République fut sauvée par l’union et la vigoureuse propagande des républicains sous la direction de Gambetta. A l’Assemblée même, la majorité monarchiste se désagrégeait. En 1875, l’Assemblée se décida à voter trois lois constitutionnelles, qui forment ce qu’on appelle assez inexactement « la Constitution de 1875 ». Le mot « République », d’abord écarté, puis réintroduit par un amendement du député Wallon sur le mode d’élection du Président, fut accepté finalement à une voix de majorité.

    Ainsi se trouva fondée la République parlementaire. Le Parlement, composé de deux Assemblées, Chambre des Députés et Sénat, était le pouvoir prépondérant : c’est à lui, réuni en Congrès, qu’était confiée l’élection du Président de la République ; c’est dans la majorité parlementaire que devait être choisi le ministère – le gouvernement responsable.

     

    • Crise du 16 mai 1877

    La mise en vigueur de la Constitution de 1875 donna lieu presque aussitôt à une crise, connue sous le nom du 16 mai, suprême tentative des royalistes pour ressaisir le pouvoir qui leur échappait.

    La Chambre des Députés, élue en 1876, comprit une forte majorité républicaine, tandis que les royalistes conservaient une légère majorité au Sénat, et, par Mac Mahon, la Présidence de la République. Mac Mahon se conforma d’abord à la règle parlementaire en prenant un ministère républicain celui de Jules Simon. Puis, poussé par les royalistes de son entourage, le 16 mai 1877, il renvoya ce ministère républicain et forma un ministère royaliste de Broglie, pris hors de la majorité, ce qui était la négation du régime parlementaire. La Chambre républicaine fut ajournée, puis dissoute, avec le consentement du Sénat – la Constitution en donnait le droit au Président. Mais Gambetta mena contre Mac Mahon une triomphante campagne électorale. « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, dit-il à l’adresse de Mac Mahon, il faudra se soumettre ou se démettre. »

     

    • La République aux Républicains

    Malgré la pression du gouvernement et du clergé, le pays réélut une majorité républicaine. Mac Mahon se soumit en reprenant un ministère républicain. Puis, les élections de 1879 ayant amené aussi une majorité républicaine au Sénat, Mac Mahon, découragé, se démit ; il démissionna et fut remplacé par un vieux républicain de 1848, Jules Grévy. Les républicains étaient désormais maîtres de tous les pouvoirs publics. Leur victoire fut consacrée par le retour des Chambres de Versailles à Paris, l’amnistie aux condamnés de la Commune, le choix du 14 juillet comme fête nationale.


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