• La mélancolie

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    La mélancolie est la forme la plus grave de la dépression. Vraie douleur psychique, elle peut prendre plusieurs formes, allant de la prostration à l’agitation anxieuse, et alterner avec des épisodes d’optimisme exalté qui signent alors une psychose maniaco-dépressive, ou trouble bipolaire.

     

    Un peu d’histoire

    Le terme mélancolie vient du grec et signifie « bile noire ». Hippocrate, en effet, estimait que la santé dépendait de l’état et l’équilibre de quatre humeurs : le sang, la lymphe ou phlegme, la bile jaune et la bile noire. Ces quatre humeurs définissaient des personnalités particulières. Les personnes présentant un excès de bile noire étaient tristes, inhibées, bref dépressives. A la fin de l’Antiquité, la religion est entrée en scène. Une tendance à l’apathie, l’abattement était parfois observée chez les moines, on parlait alors de « démon de l’acédie » ou de démon de midi qui venait tourmenter les religieux, les poussant à la paresse. Au XIXe siècle, la mélancolie acquiert ses lettres de noblesse. Les Romantiques revendiquent cette douleur qui, depuis la Renaissance, revêt une double signification, folie d’un côté, état ouvrant les portes du génie et de la création de l’autre.

     

    Symptômes

    Dans tous les cas, la douleur psychique est intense, comparable et parfois supérieure à une douleur physique. Le suicide, toujours possible, est alors souvent un moyen (le seul envisagé par le patient) pour faire cesser cette douleur. Le mélancolique est inhibé, son activité est ralentie, il se sent désespéré, empli d’un sentiment d’indignité et de culpabilité.

    Il existe cependant des différences d’un cas à l’autre, qui permettent de différencier plusieurs types de mélancolie.

    • La mélancolie dite stuporeuse : comme son nom l’indique, elle plonge la personne dans un état proche de la stupeur. Celle-ci se replie sur elle-même, semble comme paralysée : elle ne bouge plus ou ses mouvements sont lents, son visage est figé, le regard fixe et triste, elle refuse parfois de s’alimenter.
    • La mélancolie anxieuse : l’inhibition est présente, mais vécue sur le mode de l’attente d’une catastrophe, à relier au sentiment de culpabilité : comme si la personne attendait la punition d’une faute qu’elle aurait commise. Les douleurs et manifestations physiques multiples accompagnent cet état. Dans les cas extrêmes, la préoccupation hypocondriaque peut aller jusqu’à l’affirmation d’avoir perdu un organe ou que celui-ci est en train de se décomposer.
    • La mélancolie délirante : au tableau clinique de la mélancolie s’ajoute le sentiment de persécution. Il s’agit d’une projection sur l’entourage de l’angoisse de culpabilité : la personne ne se culpabilise plus, mais pense que ses parents ou voisins l’accusent, lui en veulent, disent du mal d’elle. Contrairement à ce que l’on observe dans la paranoïa, le mélancolique ne se révolte pas contre ces persécutions supposées, mais les accepte passivement.
    • La mélancolie d’involution : il s’agit d’une dépression majeure survenant après 50 ans, surtout chez les femmes, à la suite d’un événement dramatique : deuil, séparation, fin de l’activité professionnelle par exemple. Elle peut s’accompagner de signes hystériques : conversion de l’angoisse en symptômes physiques, agitation, théâtralité.
    • La psychose maniaco-dépressive : l’épisode mélancolique est suivi d’une modification spectaculaire de l’humeur : le sujet devient joyeux, optimiste, volubile, envahi d’une confiance en lui proche d’un sentiment de toute-puissance. Il peut alors se lancer dans des entreprises risquées ou des achats inconsidérés.

     

     Traitements

    Lorsque le risque suicidaire est avéré, qu’une tentative de suicide a été menée ou que la personne refuse de s’alimenter, une hospitalisation en urgence est souvent décidée par le médecin. Elle permet de mettre en place un traitement à base d’antidépresseurs, qui vont traiter l’humeur, et neuroleptiques, qui vont calmer les angoisses lorsqu’elles sont présentes. Avec l’accord du patient, un traitement par sismothérapie ou électroconvulsivothérapie (nouvelles appellations des électrochocs) peut être envisagé. Il se déroule sous anesthésie et consiste en l’envoi d’un courant électrique dans le cerveau du malade afin de provoquer une crise d’épilepsie censée relancer le fonctionnement neuronal par rééquilibrage des neurotransmetteurs. Ces traitements s’accompagnent d’une psychothérapie.

     

    Origine

    L’état mélancolique, qui s’installe en quelques semaines, reste mystérieux quant à ses causes. Des facteurs génétiques semblent intervenir puisqu’il existe une prédisposition familiale. Mais ils ne sauraient être seuls responsables. Les causes extérieures (deuil, stress important et répété, séparation…) jouent un rôle déclenchant, mais ne suffisent pas à expliquer l’accès mélancolique, ni surtout son évolution en maladie chronique lorsqu’elle se produit.

    Côté psychanalytique, l’hypothèse émise par Freud dans son célèbre article « Deuil et mélancolie » est que, pour le sujet, l’objet d’amour est ambivalent, c’est-à-dire qu’il est bon et mauvais, tantôt bienveillant, tantôt persécutant. Afin de pouvoir continuer à l’aimer, malgré cette ambivalence et la menace qu’elle représente, il va le cliver : l’objet extérieur, réel, demeurera bon, tandis que sa part mauvaise sera introjectée (placée par le sujet à l’intérieur de lui) dans le moi. Ce mécanisme inconscient expliquerait, selon Freud, pourquoi le mélancolique, identifié à ce « mauvais objet », présenterait toutes ces manifestations d’autoaccusation, de culpabilité, de sentiment de ne pas être digne. En fait, en se haïssant lui-même, il se permettrait de haïr la part haïssable de l’objet aimé.

     

    Électrochocs : les chiffres

    Depuis son retour dans les années 1980, notamment grâce à l’utilisation de l’anesthésie brève, en France, environ 70 000 séances de sismothérapie sont pratiquées par an. Le protocole comporte généralement 8 à 12 séances réparties sur 3 à 4 semaines. Dans 85 à 90 % des cas, ce traitement permet le soulagement des épisodes dépressifs majeurs. Cependant, on observe un décès pour 10 000 patients et des pertes de mémoire dans 29 à 55 % des cas. Les contre-indications concernent les maladies cardiovasculaires, certaines maladies neurologiques et les contre-indications classiques de l’anesthésie.


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