• Les névroses : un seul nom pour plusieurs symptômes

    Les névroses : un seul nom pour plusieurs symptômes

    Médicalement, le terme de névrose n’existe pas et ne figure dans aucune classification internationale des maladies. Le concept psychanalytique de névrose, théorisé par Freud, y est éclaté en plusieurs types de troubles. Le modèle freudien, plus culturel qu’universel, garde néanmoins ses adeptes et présente l’avantage d’expliquer globalement des problèmes très diversifiés.

     

     

    Concept

     

    A la source, l’angoisse

    La névrose est, au sens freudien, un trouble de personnalité à l’origine duquel les facteurs psychologiques sont prédominants. Les états névrotiques traduisent une inadaptation affective dans laquelle l’anxiété, née de conflits généralement inconscients, se transforme en symptômes physiques, psychiques ou comportementaux, sans distorsion de la réalité comme c’est le cas dans une psychose. Le névrosé supporte mal la réalité (2+2=4, cela l’ennuie) que le psychotique a fui (2+2=5, c’est ainsi) !

     

    Le concept freudien

    Il distingue :

    • Les névroses actuelles : neurasthénie, névrose d’angoisse, névrose hypochondriaque.
    • Les névroses de défense : phobiques, obsessionnelles, hystériques.

     

    A l’origine

    Le phénomène initial est l’angoisse, dont le premier modèle est l’angoisse fondamentale de castration, si intense pendant la phase du complexe d’Œdipe chez le petit enfant. Elle résulte ensuite de l’effleurement ou de l’irruption de conflits inconscients dans le champ de la conscience. Quand cette angoisse devient insupportable par sa durée ou son intensité, des mécanismes de défense détournent vers des symptômes plus faciles à supporter.

     

    Les mécanismes de défense

    Freud a identifié huit mécanismes de défense, qui se chevauchent plus ou moins chez la même personne :

    • Le refoulement, qui maintient dans l’inconscient les affects pénibles.
    • La condensation, qui limite l’angoisse à certaines situations ou certains objets.
    • Le déplacement, qui déplace l’angoisse sur une situation ou un objet (phobies), le corps (hystérie) ou une idée (obsessions).
    • L’identification, qui tend à assimiler sa personnalité à une autre ou à un groupe, un phénomène fréquent à l’adolescence (idoles, codes verbaux ou vestimentaires).
    • L’introjection : intériorisation fantasmatique des qualités supposées d’objets.
    • L’isolation : isolement d’une représentation mentale par rapport aux affects qui lui étaient liés.
    • Le renversement : conduite allant dans le sens opposé à un désir refoulé.
    • L’annulation rétroactive : remplacement d’un souvenir ou d’un affect inacceptable par son contraire.

     

     

    États névrotiques

     

    Les symptômes communs

    L’angoisse, centrale et constante, peut être intermittente, permanente ou paroxystique, plus ou moins détournée par une défense.

    La fatigue ou asthénie, plus forte le matin, semble disproportionnée par rapport aux causes invoquées.

    Les troubles sexuels touchent l’érection ou l’éjaculation chez l’homme. Ils se traduisent par une frigidité, un vaginisme ou des rapports douloureux chez la femme. La sexualité peut être limitée à une masturbation exclusive ou préférentielle.

    Les troubles du sommeil associent difficultés d’endormissement, insomnies d’éveil et cauchemars.

    Les symptômes physiques (douleurs de toute nature, troubles digestifs ou génito-urinaires, malaises, comas, paralysies) deviennent hypocondriaques lorsque toute la vie du sujet s’organise autour de préoccupations corporelles.

    L’inhibition réduit les fonctions physiques, psychiques ou intellectuelles.

    L’agressivité, fréquente, altère la vie relationnelle même quand elle se dissimule derrière le cynisme ou l’intolérance.

     

     

    Principaux aspects

     

    La névrose obsessionnelle

    Elle est aujourd’hui répertoriée sous le terme de TOC, trouble obsessionnel compulsif marqué par la fréquence des rituels incontrôlables par la volonté ou la raison (compulsions) : lavage des mains, vérification des robinets ou des portes, comptage… L’idée obsédante envahit entièrement la pensée et perturbe tous les comportements sociaux.

     

    La névrose phobique

    Répertoriée sous le terme générique de phobie, elle déplace l’angoisse sur une cible dont la perception déclenche la crise de panique. Plus l’objet ou la situation sont rares, plus il est facile de les éviter et donc de vivre normalement. La conduite d’évitement conduit parfois à des comportements difficiles à comprendre, comme les trajets qui évitent de passer devant un cimetière, une boulangerie, un lieu précis. On a dénombré plusieurs centaines de phobies spécifiques différentes.

     

    La névrose hystérique

    Appelée encore trouble somatoforme, elle convertit l’angoisse en symptôme physique souvent symbolique du problème originel : le mot hystérie vient du grec uterus, une cible fréquente de la conversion entre mental et physique. Guérir ou soulager le symptôme est évidemment inefficace puisque l’esprit devra trouver un moyen de neutraliser l’angoisse à travers un autre symptôme. Les manifestations sont souvent dramatisées, spectaculaires, très sensibles à la suggestion chez une personnalité théâtrale, manipulatrice, séductrice, érotisée mais changeante, peu apte à tenir ses promesses.

     

    Remarques :

    • Les troubles du caractère et de la personnalité englobent les personnalités névrotiques.
    • La dépression et les états dépressifs accompagnent ou compliquent les névroses.

     

     

    Prise en charge

     

    Le traitement des névroses associe en général plusieurs techniques telles que :

    • La psychanalyse : dans la vision freudienne de la maladie, seule la psychanalyse peut résoudre la névrose en faisant surgir dans le champ de la conscience le conflit inconscient qui empoisonne la vie.
    • La psychothérapie : toutefois, en attendant le résultat de ce processus long (cela peut durer des années) et aléatoire (le malade ayant le temps de sombrer entre temps), la psychothérapie propose, par des techniques diverses et variées, de rendre la vie supportable en apprenant à vivre avec son angoisse ou sa névrose, à en maîtriser les conséquences les plus invalidantes comme certaines phobies des transports ou des contacts.
    • La prise de médicaments : le psychiatre associe à ces psychothérapies des médicaments destinés à éviter la dépression compensatoire ou le risque suicidaire, et à réduire l’angoisse et l’anxiété.

     

    Mais attention : des symptômes névrotiques peuvent aussi cacher une vraie maladie, mentale ou physique, qui devra être recherchée et identifiée avant de débuter une psychothérapie.


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